Compagnie Stéphane - 5e compagnie de réserve du 13e Bataillon de Chasseurs Alpins - Chambéry

     
 
maquisards compagnie Stéphane "La sueur
épargne
le sang"
trinome vigipirate aéroport Saint Exupéry - Lyon insigne 13 BCA Chambéry

 

Formation Militaire Initiale du réserviste du 1 au 15 août

Grand Angle : Réserviste et Chasseur alpin, c’est possible !

Du 1erau 14 août, le camp de Vulmix du 13e Bataillon de chasseurs alpins a accueilli une vingtaine de jeunes dans son enceinte, issus du monde civil. Âgés de 17 à 45 ans, toutes professions confondues, ces hommes et femmes ont demandé à goûter au mode de vie militaire. Sous les ordres de l’Adjudant-Chef Nicolas, une dizaine de réservistes du 13e BCA, aguerris par des années d’expérience du métier de soldat, étaient au rendez-vous pour encadrer cette entrée dans le monde militaire. Le point commun à la rencontre de ce groupe n’est autre que la Réserve opérationnelle, ou, plus précisément : la Formation Militaire Initiale du Réserviste (FMIR).

Durant deux jours nous les avons suivis dans leurs apprentissages, leurs appréhensions, leur fatigue et leur force. Une conversation, ayant eu lieu vers la fin de la formation entre trois stagiaires de la FMIR, témoigne de ce passage d’un univers à un autre, de cette transformation progressive et ressentie du « civil » qui devient soldat. 1èrepartie aujourd’hui.

Présentez-vous et expliquez-nous pourquoi avoir décidé de faire une FMIR ?

Myriam : Je m’appelle Myriam, j’ai 45 ans. Dans la vie active je suis en maintenance hydroélectrique. J’ai toujours voulu être dans l’armée, même si ma mère n’était pas de cet avis quand j’étais jeune (rires). Et comme j’approche de l’âge de la retraite dans l’armée, j’ai décidé de faire mon dossier. Je pense que ça a été en quelque sorte un moyen de m’affirmer, de me mettre un défi. Et j’en suis très contente, la preuve : à chaque fois que l’on marche au pas avec le chant de section, ça me donne des frissons…

Julie : Moi c’est Julie, j’ai 17 ans et je passe en Terminale. Mon père m’avait parlé de la réserve opérationnelle étant plus jeune. Puis, lorsque j’ai fait ma journée d’appel j’ai appris que l’on pouvait s’y engager à partir de 17 ans. Et comme je venais d’avoir cet âge-là, je me suis dit « c’est le moment ». Et puis, on rencontre des personnes que l’on n’aurait peut-être pas croisées dans le civil, des expériences que l’on n’aurait pas pu vivre non plus (ex : comme tirer au FAMAS, ou se dépasser grâce à la cohésion d’un groupe).

Stanislas :Je m’appelle Stanislas, j’ai 27 ans, et dans le monde civil je suis infirmier en hôpital psychiatrique. J’ai choisi de faire la FMIR parce que depuis que je suis tout petit l’armée est une institution qui me fait rêver. Je n’ai pas eu l’occasion de m’engager, mais j’ai tout de même ressenti le besoin de servir un peu plus mon pays et de voir de manière concrète ce qu’est l’armée. Je suis venu chercher des compétences, des savoir-faire, et des expériences. En plus, comme l’a dit Julie, en venant ici on a créé une force de groupe, une cohésion : c’est très motivant.

« C’était la première fois que j'encadrai une FMIR. C’est exigeant en matière de temps, de préparation et de conduite mais humainement c'est très enrichissant » - Adjudant-Chef Nicolas, réserviste et chef de section de cette FMIR d’août 2020

Les profils des candidats sont-ils diversifiés ?

Stanislas : Il y a un peu tous les types de profils, on trouve une palette de personnalité et de vie qui est assez large. On vient tous d’horizons très différents, quelque fois c’est d’ailleurs compliqué, dans un quotidien marqué par la collectivité. Notamment en termes de maturité, parce que…-

Myriam : -…parce que « les anciens », les plus âgés du groupe, finissent parfois par jouer le rôle de père et ou de mère pour certains ou certaines qui ont du mal à grandir…

Stanislas : Pas pour tous, parce que Julie par exemple, qui fait partie des plus jeunes, est aussi mature que d’autres, si ce n’est plus.

Myriam : D’autres encore, qui sont d’un naturel très timide, ont pu, grâce à cette formation, et grâce à la bonne ambiance qui y règne, s’épanouir et s’affirmer.

Stanislas : Le groupe a ses défauts et ses qualités, mais plus que tout : il aide à « réveiller » les capacités de l’individu. Comme on est tous dans la même « galère », on va aller chercher au fond de nous le meilleur de nous-même pour tenir et s’entraider.

Julie : J’aimerai ajouter que ce qui est bien ici, c’est que comme on arrive tous en même temps et que personne ne se connait, personne n’a d’a priori sur l’autre.

Quelle est la spécificité de cette FMIR au 13eBCA ? Qu’y avez trouvé de particulier ?

Myriam : On ne peut pas vraiment comparer avec un autre régiment de l’armée puisque c’est notre première expérience en tant que telle dans l’Institution. Mais c’est quelque chose qui apporte à tout le monde, le fait de se surpasser forge le caractère.

Stanislas : Les chasseurs alpins correspondent vraiment à ce que je viens chercher. La montagne est un environnement qui me passionne, déjà dans le civil, et dans lequel je me sens bien. Donc cette FMIR au 13eBCA permet de lier les deux. Et puis il y a une histoire, que l’on nous apprend dans le cadre de la formation, sur les troupes de montagnes. Une histoire qui est forte, importante, et qui nous rend fiers d’y participer.

Julie : Dès le début je me voyais dans ce milieu montagne, sur le terrain, et proche de mon environnement naturel (je suis originaire de Varces où se trouve le 7eBCA). Les chasseurs alpins étaient ceux qui me correspondaient le plus. Lorsque nous avons fait la marche à la tarte en montagne, avec nos sacs sur plus de dix kilomètres, on nous pousse mentalement et on nous motive, et on tient au-delà de ce que l’on pensait.
Durant ces deux semaines, qu’apprend-on aux futurs réservistes du 13 ?

Myriam : La marche, le pas, la discipline, le partage, le respect.

Stanislas : La rigueur, le dépassement de soi, le tir.

Julie : La cohésion aussi.

« Au-delà d'inculquer les fondamentaux militaires et les prérequis pour effectuer une mission opérationnelle comme Sentinelle, il est primordial de transmettre aux stagiaires le goût de l'effort, du travail bien fait et du dépassement de soi » - Adjudant-Chef Nicolas

Myriam : Vivre en pleine nature. Une chose qui a d’ailleurs été une aventure en soi, pour ceux et celles habitués au confort.

Stanislas : Toutes les connaissances théoriques de base qu’il faut avoir pour devenir militaire, comme la communication ou les actes réflexes du soldat.

Julie : Et puis au-delà de ça, des choses qui pourront nous servir dans la vie civile, comme le secourisme. On nous apprend à être utiles et débrouillards, treillis ou pas.

Stanislas : Il y a aussi des petits points de détails, qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vie militaire mais, on en apprend plus sur notre environnement de vie. Par exemple, pendant la marche à la tarte, on a pu relier le symbole des troupes de montagne, la gentiane, avec la fleur que l’on rencontre sur le terrain.

Quelle est la partie de l’instruction que vous avez préféré ?

Stanislas : Pour ma part, c’est la mise en situation où l’on a restitué tout le savoir-faire appris durant la formation : observation, radio, gestes de premiers secours, prise à partie etc. C’était vraiment bien.

Julie : Pareil pour moi, et j’ai adoré le fait qu’on se soit grimé !

Stanislas : C’était très fatigant et prenant, mais ça valait le coup.

Myriam : Ça a demandé de la concentration aussi.

Julie : Et de la patience, de passer au-delà de la fatigue. Quand on est dans le « truc », à nos postes avec des rôles précis, on s’y tient et la fatigue ne se ressent pas vraiment. Le plus dur c’est lorsque l’on relâche tout pour revenir au calme, en ne dormant pas beaucoup et en enchaînant avec d’autres cours. Les moments hors du camp de Vulmix ont vraiment été ceux où l’on s’est vraiment dépassé : marche à la tarte, parcours naturel, parcours d’obstacles...

Myriam : Moi, ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est que les cadres de la FMIR faisaient tout ça avec nous. Et ça franchement c’est génial. Y compris le chef de section de la FMIR, l’Adjudant-chef Nicolas. Il y avait également une cohésion, visible, ressentie, entre les encadrants et nous.

Stanislas : Ils font absolument tout avec nous au final. Même les punitions (rires).
Julie : Je me rappelle qu’avant de percevoir mon paquetage, j’étais un peu stressée et je me suis dit « Ok. La galère commence, on va se faire hurler dessus tout le temps, c’est le monde militaire etc. » (rires). Alors qu’en fait derrière cette image stricte, il y a aussi beaucoup de respect. On reste des humains qui ont choisi la même voie, le même choix de vie.

Myriam : Personnellement j’ai énormément appris sur moi. Je suis d’un naturel hyper-stressée, notamment à cause de l’envie de bien faire les choses. Ici j’ai appris à respirer, à gérer ce stress. J’ai versé des larmes, c’est normal, mais j’ai surtout grandi à 45 ans. J’ai appris à relativiser.

Qu’exige la partie combat des candidats ? Et la partie armement ?

Myriam, Julie : La concentration.

Myriam, Stanislas : La maîtrise de soi.

Stanislas : On porte l’uniforme, donc cette maitrise est essentielle.

Myriam : Ce n’est pas donné à tout le monde de maitriser une arme et de se maitriser soi-même.

Julie : Il y a eu un moment où nous avons été pris à partie lors d’un exercice et où les cadres jouaient les rôles de provocateurs en nous jetant des projectiles dessus. Ça nous apprenait à rester maîtres de nous, l’indifférence même. On sait que ça reste un exercice, mais si ça arrive dans la vraie vie et que l’on n’est pas préparé, on agirait peut-être complètement différemment.

Stanislas : En plus ça demande aussi de l’anticipation. Parce que finalement la partie combat… ce n’est pas vraiment du combat, ce sont des simulations. Mais demain, l’objectif c’est de patrouiller, d’être déployé pour des missions Sentinelle, de garder le bataillon. Des postes où l’on peut en toute circonstance avoir des personnes aux intentions malveillantes en face de nous. Ces exercices sont un moyen de se projeter, d’imaginer nos réactions.

Julie : Les cadres nous l’ont dit d’ailleurs : « si l’on vous apprend à tenir une arme de guerre et à vous en servir, c’est pour pouvoir l’utiliser, ou non, le Jour J. ». Aujourd’hui je sais, en la tenant tous les jours dans mes mains, qu’en cas de situation critique je saurais m’en servir. Et pourtant j’espère aussi ne jamais avoir à m’en servir dans ce contexte-là. Ce n’est pas rassurant de se dire qu’un jour on sera peut-être amené à tirer sur quelqu’un.

Stanislas : Après au niveau du contrôle de l’arme, il nous reste beaucoup à apprendre, avec le temps et la pratique. Là on n’en est encore qu’aux fondamentaux (rires) !
Julie : On sait pertinemment qu’on peut se faire agresser, déjà en tant que civil, et n’importe où dans la rue. Alors en portant l’uniforme c’est démultiplié. On a conscience du fait qu’on peut devenir des cibles d’autant plus reconnaissables et visées.

Quelles sont les difficultés que vous avez dû surmonter personnellement ?

Myriam : Pour ma part le stress.

Julie : Pour moi la première c’est la fatigue. Dans le civil je ne dors pas énormément mais les heures où j’ai besoin de dormir…il faut que je dorme (rires) ! La deuxième, c’est de devoir contrôler ma colère ou mon agressivité lorsque quelqu’un m’énerve. Dans le civil je vais soit l’ignorer, soit jeter des regards noirs, soit bouillir dans mon coin mais ici, on le sait : il ne faut pas s’énerver. On ne pourra pas tout le temps s’entendre avec tout le monde, on sait que là, s’il y a un souci, ce n’est que pour deux semaines donc il faut prendre sur soi.

Stanislas :C’est vraiment la vie en collectivité qui est souvent la bête noire d’un groupe. Certains doivent penser pour les autres qui sont dans la lune, ou doivent tenir les rôles dont personne ne veut. Ce serait plus rapide et plus simple si tout le monde pensait à tout, tout le temps (rires).

« Pour cette FMIR, j'ai eu la chance d'être épaulé par un encadrement de grande qualité, dont la diversité des profils et des compétences ont permis aux stagiaires de donner le meilleur d'eux-mêmes. » - Adjudant-Chef Nicolas

La cohésion est bonne ?

Tous : Globalement oui.

Julie : Et de toute façon si ça se passe mal, c’est tout le monde qui est pénalisé (rires), donc il faut que ça se passe bien !

Qu’envisagez-vous par la suite ? Que signifie pour vous la remise de la tarte en fin de formation ?

Myriam : J’aimerai conduire les gros camions, les GBC, et lorsque j’ai reçu la tarte, je me suis sentie grandie, je me suis sentie soldat.

Julie : J’aimerai bien faire un brevet d’alpinisme, Sentinelle et suivre des formations et missions proposées. Quant à la tarte, c’est une fierté.

Stanislas : Ce que j’envisage dans la réserve c’est de passer mon Brevet d’Alpinisme Militaire (BAM) et mon Brevet de Ski Militaire (BSM), puis un module TIOR (Technique d’Intervention Opérationnelle Rapprochée) et les diverses formations qui sont nécessaires pour réaliser la mission Sentinelle.

Et pour la remise de la tarte, elle symbolise le commencement à mes yeux, le début d’une aventure.